L’Évangile a casa 62: Luc 9, 11b-17

L’Évangile a casa 62: Luc 9, 11b-17

Le Christ dit et fait: Il parle du Royaume et guérit les malades. Et nous, sommes-nous à son image, parlant du Royaume et le mettant en pratique autour de nous?

Les Douze, au lieu de s’engager eux-mêmes, préfèrent – semble-t-il – la solution de facilité: «Renvoie-les chez eux» tandis que nous préservons notre «périmètre existentiel», même si c’est un «endroit désert».

Il y a donc (au moins) deux réactions possibles devant la faim de l’autre: débrouille-toi toi-même en rentrant chez toi… ou à nous de leur donner à manger ! Le partage, quoi, le bon vieux partage dont on entend encore les parents seriner leurs enfants sur son utilité…

Le vrai miracle n’est pas tant que la foule «mangea et fut rassasiée»; c’est que les disciples ont confié leurs maigres vivres – cinq pains et deux poissons – et qu’ils ont vécu le partage possible… quand on met le Christ au milieu!

Car ne pas vouloir (trop) donner – de son temps, de son argent, de ses biens, de son écoute, de ses dons…  – révèle en fait que l’on thésaurise nos acquis, si petits soient-ils. Si insignifiants.

Or, le sourire d’un bébé, les éclats d’un enfant tordu de rire, le regard complice d’une grand-mère à son petit-enfant, la fierté d’une maman devant les progrès des siens, la sérénité du père de famille qui élève seul ses enfants qui le remercient chaque soir au repas, l’affection d’un compagnon à quatre pattes qui répond aux gestes d’attention de celle ou celui qui s’en occupe… bref,  les exemples de «cinq pains et deux poissons» sont légion dans nos vies. Ce sont ces petits riens, ces «trois fois riens», dit-on même, qui éclairent, illuminent, égayent, nourrissent… Et il faut parfois parcourir un bout de sa vie pour s’en rendre compte. Ou le saisir à la suite d’un choc : mort, amour, chômage, infidélité…

Le disciple du Christ qui chemine main dans la main avec Lui L’invite-t-il pour inspirer – laisser Son Esprit – susurrer une issue, une idée, un geste, une parole…? Pour embellir nos alentours. Humblement. Gratuitement.

Et vérifier que le Christ est en perpétuelle action/réaction, paroles et gestes…grâce à moi et mes «cinq pains et deux poissons»…

Rendre grâce ne consiste pas à ânonner un chapelet de merci au Christ; il s’agit de Lui tendre le peu que nous avons, que nous sommes, pour qu’Il l’élargisse aux dimensions de l’autre, mon prochain, mon voisin…

Et se laisser surprendre: ça, c’est le miracle!

Thierry Schelling