Avoir de l’amour les un.e.s pour les autres… étrange expression, non? Que signifie dans le fond «avoir de l’amour» pour quelqu’un.e?

Avoir un ressenti, un feeling, un élan, une envie, du désir pour l’être aimé? Rien de plus chimique et de fluctuant, en vérité…

On ne le commande pas, l’amour, l’amitié. Ce sont des cadeaux de la vie.

N’est-ce pas plutôt (aussi) un acte de volonté: malgré ce que je ressens pour telle ou telle personne, ne pas me laisser aller à en traduire les accents négatifs mais simplement «déposer» la personne en Dieu dans un acte de bienveillance, sans (trop de) jugement? N’est-ce pas «avoir de l’amour»?

Ce qu’il y a de percutant chez Jésus, c’est le «un commandement nouveau»:  c’est donc qu’il ne rabâche pas un leitmotiv du passé… En quoi cette nouveauté? «Si on aime que ceux qui nous aime, à quoi bon; moi je vous dis, aimez vos ennemis!».. voilà du neuf par Jésus! Et pas seulement en paroles mais en actes (cf. Sa Passion).

Lui aussi a confessé: non pas ma volonté mais la volonté de mon Père… Aurait-Il eu des personnes dans le collimateur? Evidemment: les Pharisiens pur jus, les hypocrites sous couvert de religiosité, les orgueilleux, les menteurs… Mais pas – comme l’auraient dicté sa culture et sa religion – les Samaritains, les Syro-Phéniciens, les lépreux, les étrangers, les petits, les enfants, les femmes dites de mauvaise vie, les pécheurs, les Zachée, les Matthieu, les Judas…

A-t-on reconnu à Ses actes liés à ces personnes – les appeler à Le suivre, manger chez eux, les toucher…– que Jésus «avait de l’amour» envers autrui? Ce qui nous montre bien qu’on n’est pas au niveau du feeling mais bien de la volonté, de la justice, de la miséricorde – des actes nés de notre prière, volonté et désir de servir… Dieu, le Père de tous «qui fait pleuvoir et rayonner le soleil sur tous, bons et mauvais»…

Donc, «avoir de l’amour» pour quelqu’un.e est le signe de reconnaissance qu’on est disciple de Jésus: cela ouvre des perspectives immenses! Pas seulement SI on est baptisé.e, pas seulement SI on est croyant.e, pas seulement SI… mais à chaque fois qu’on a de l’amour pour autrui, on révèle la présence du Christ au milieu de nous… Et sincèrement, à fréquenter et servir l’humanité, l’aimer ne peut pas être juste une histoire de sentiments! Il nous faut un modèle absolu, un commandement – et non pas juste un exemple et une invitation «carton Bristol» – pour «avoir de l’amour» les un.e.s les autres… mais c’est le «sacrement» de la présence du Christ en nous, parmi nous, et pour nous!

Thierry Schelling