L’Évangile a casa 28

L’Évangile a casa 28

Effatah !

Dans les langues hébreu et arabe classiques, les trois lettres f-t-h sont la base du mot «ouvrir». Bizarre, d’ailleurs, d’avoir ce mot en hébreu coincé dans un texte en grec…d’autant plus que Marc donne la traduction juste après: «Ouvre-toi !».

S’ouvrir. En commençant par ouvrir ses sens : ouïe, regard, toucher, et goûter  – il manque sentir dans cet épisode! Mais un sourd ne voit-il pas plus précisément aussi avec son odorat?

Ouvrir nos sens aux réalités environnantes… Car souvent, masqués, nous nous protégeons… Nos boules quies nous laissent dormir en paix ; nos lunettes de soleil atténuent la clarté de la lumière; nos gants et les gestes-barrières nous font distants de tout; nos papilles accueillent ou rejettent comme amer, acide, «beuark» tel ou tel aliment… Et pourtant, nos résistances ne seraient-elles pas des frontières dressées par autoprotection plutôt que pour jouir de la vie? Et à l’inverse: nos protections ne seraient-elles pas des … résistances?

Ouvre-toi! Un ordre, à l’impératif, qu’utilise Jésus, mais avec tact: «Il soupira», précise Marc. Il «respira plus ou moins bruyamment», nous dit le dictionnaire pour «soupirer». Le Seigneur, on l’imagine, parle proche de son «patient», et respire au rythme adéquat pour que le sourd…entende!

Jésus respire à notre rythme! Il nous est si intime et si bienveillant qu’il calque sa respiration sur la nôtre… Quelle recherche de symbiose! A nous de faire pareil: calquer notre respiration sur la sienne… Et pour cela, s’ouvrir est la clef; ouvrir cœur, corps et esprit est le moyen pour laisser aller et venir l’Esprit «qui souffle où il veut»… Et qui sait, nous qui sommes parfois sourds pourrions entendre – L’entendre Lui!

Thierry Schelling