Le mot du prêtre: Solennité de l’Ascension célébrée avec la finale de l’Evangile de Matthieu (28, 16-20)

Le mot du prêtre: Solennité de l’Ascension célébrée avec la finale de l’Evangile de Matthieu (28, 16-20)

SOLENNITE DE L’ASCENSION – 21 mai 2020

Jésus a donné rendez-vous aux disciples en Galilée sur la montagne. Jésus fixe le lieu de son Ascension sur une montagne, donc dans un paysage de plein air et grand ouvert sur le monde. Et en Galilée, qui est considérée comme le carrefour des nations, c’est-à-dire la terre mêlée où voisinent les juifs et les étrangers, les croyants et les incroyants. Les disciples sont comme nous dans le doute et Jésus leur dit: «Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! Et de toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés…» C’est le signal du départ. C’est un envoi. Comme je l’ai déjà écrit, le chrétien est en route. Ce n’est pas quelqu’un d’arrivé, c’est quelqu’un en chemin. Jésus sur le départ donne aux chrétiens trois vocations : l’intelligence, l’action et le cœur – autrement dit la foi, l’espérance et la charité.

En demandant de faire des disciples, Jésus ne cherche pas à gonfler les chiffres des chrétiens, il a mieux à faire que des statistiques. La mission de l’Eglise n’est pas de coloniser le monde. Quand Jésus dit: «Des nations faites des disciples…», il nous invite à changer la relation entre les hommes.  On ne peut pas choisir la nation de sa naissance. On choisit d’être disciple. Les relations à la nation sont juridiques et politiques. La relation du disciple est une relation avec quelqu’un. Jésus nous invite à travailler afin que les relations sociales deviennent des relations entre des personnes. Le chrétien est sur un chantier, il a à faire, c’est une personne d’action donc une personne d’espérance.

 «Des nations, faites des disciples». On n’est pas d’abord suisse, genevois ou retraité, on est d’abord des personnes, des disciples du Fils de l’Homme. «Baptisez-les», dit Jésus. C’est-à-dire donnez-leur naissance. Faites-les naître non seulement au monde, mais aussi à leur cœur, et le vrai battement de leur cœur, c’est Jésus lui-même. Il s’agit d’aimer comme on n’a jamais aimé. Baptisez-les dans les grandes eaux de la charité. «Apprenez-leur», dit encore Jésus. C’est-à-dire ouvrez-leur l’intelligence de la foi. Le chrétien ne va pas à Dieu les yeux fermés. Le chrétien ne peut pas se contenter de ce qu’il a appris au catéchisme. Nous ne vivons pas seulement avec ce que nous savons, mais aussi avec ce que nous devenons. Le chrétien ne garde pas les commandements dans sa poche ou seulement dans sa mémoire, il en vit…

Petite précision : Disciple et Apôtre : voilà deux mots que l’on croit interchangeables. Et, de fait, dans la bouche de bon nombre de chrétiens, ils semblent synonymes. Ce qu’ils ne sont pas. Le disciple (élève) est celui qui se met à l’école d’un maître et qui suit son enseignement. Transposé dans la symbolique des chrétiens, tout baptisé qui se tient aux pieds de Jésus, qu’il appelle «Maître», est son disciple. L’apôtre, lui, est un envoyé, il est chargé de mission. Tout apôtre est d’abord disciple, dans la mesure où il commence par se mettre à l’école de celui qu’il veut faire connaître et aimer. Paul, avant de devenir apôtre, a dû subir les difficiles épreuves du discernement. L’idéal est que le disciple devienne apôtre…

Thierry Fouet