Hommage à Marc

Hommage à Marc

Notre abbé Marc nous a quitté lundi 16 mars 2020, lui qui protégeait la veuve et l’orphelin. Brutal, inattendu, injuste, ce départ nous laisse désemparés. Tellement désemparés que nous avons eu de la peine à sortir de cet état de choc. Mais Marc nous aura comblés. Nous attendions un curé, nous avons accueilli un sage. Nous attendions un prêcheur, nous avons reçu un théologien.

Il n’aura pas été de ceux qui protestent à la moindre injustice sans jamais faire un pas. Silencieux, il le restait, ne se fâchant jamais avec personne, mais au contraire agissant jours et nuits, semaines et dimanches. Combien de sans-abris ont défilé dans son appartement, accueillis chez lui quand «toutes les croquantes et les croquants leur avait fermé la porte au nez». Il était à la vie de tous les jours ce que d’aucun professe le dimanche.

En plus de ses fonctions de curé de Saint-Joseph resp. de l’UP La Seymaz, il était membre du conseil presbytéral de Lausanne Genève et Fribourg depuis 2017. Il était à ce titre une des trois voix qui représentait notre canton auprès de notre évêque diocésain. Accompagnateur spirituel auprès des adultes catéchumènes depuis 2012, il a conduit nombre de nouveaux paroissiens vers le baptême pascal. Très impliqué dans la vie de son canton et de sa paroisse, il l’était aussi «à l’international». Ses projets concernant l’église catholique du Grand Genève sont là pour le prouver et ce n’est pas le père Pierre Marmilloud, curé d’Annemasse, qui me contredira. La communauté italienne, avec laquelle il échangeait beaucoup, le regrette autant que nous. Enfin, en pleine terre protestante, il était un symbole vivant de l’œcuménisme, le vrai, le total, celui qui n’ignore ni les réformés ni les orthodoxes.

Deux jours avant que Dieu ne le rappelle, il écrivait encore un de ces textes qui sont notre lumière: ressemblant dramatiquement à un testament, cet écrit nous soutiendra tout au long de cette période de pandémie ainsi que de deuil. Je me suis permis de prendre la plume non pas en tant que président du conseil de communauté, mais en tant qu’ami et porte-parole de ceux qu’il a accompagnés. Que la famille de Marc veuille bien nous excuser de ne pas les avoir contactés avant la publication de ce texte : qu’ils soient assurés de notre sympathie et de nos prières. Nous nous retrouverons, je l’espère, à l’occasion d’une messe de requiem que j’appelle de mes vœux.

Pierre Moser