L’Évangile a casa 14

L’Évangile a casa 14

«Nous voudrions voir Jésus.» Tentation de ma jeunesse… me disant que ce serait forcément cool de Le voir en vrai, non? De l’entendre en vrai, de passer du temps à prier, à contempler la nature, à étudier les Ecritures, à nager dans le lac de Galilée… A regarder les filles passer devant nous, à faire la fête car invités aux noces, à pleurer avec nos voisins à la suite d’un deuil. A aller au marché aux poissons, à visiter la Sainte ville…

Mais jeunesse est passée… Expériences multiples en poche et en mémoire, comme je suis content de pouvoir dire: Non, je ne voudrais pas Le voir comme eux l’ont vu…» car probablement, je ne l’aurais pas suivi. Ecouté, oui, sûrement, mais j’aurais passé mon chemin…

«Si le grain de blé tombé en terre ne meurt…» Voilà, j’ai mouru à une envie, un idéal, quelque chose que j’aurais tant désiré…avant d’avoir vraiment vécu en adulte dans la foi ! Oui, c’était un désir d’adolescent.

«Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.» Exactement. Je l’ai vu, Jésus, ou plutôt le Christ ressuscité : dans chaque éveil, réveil, relevaille, retour, recommencement… à chaque fois que l’espoir renaquit, le pardon fut donné, l’humilité gagna sur l’orgueil, le sourire décrispa les tensions, une main me caressa pour me reconduire en avant… dans ces innombrables rencontres avec un être humain qui se livra, partagea, confia sa vie, une joie, un regret, puis, confiant, continua sa route sans que nous ne nous attachions l’un.e à l’autre obligatoirement… à chaque libération, décousure, désenchaînement, décadenassage qu’une parole ou un geste, ou les deux, provoquèrent chez autrui, chez moi… Et j’ai entendu cette «voix venue du ciel» – sans risquer l’acouphène ou la surdité, voire l’hôpital psychiatrique. Parce qu’elle était l’écho de paraboles, de pensées, de bénédictions, de scènes de l’évangile lues et relues sans lassitude, pour continuer à être « attiré par Lui»…

Thierry Schelling