7ème Dimanche du temps ordinaire – 22-23 février 2020

7ème Dimanche du temps ordinaire – 22-23 février 2020

De la haine contre son frère, de la vengeance, de la rancune, de la méchanceté, du vol, de la violence, du meurtre… On peut prendre peur… Vraiment nous pouvons nous faire peur à nous- mêmes, car la haine et la violence, ça n’habite pas que dans le cœur des autres!

Vous connaissez le Testament de Christian de Chergé, et vous vous souvenez de ces mots: «j’ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal…» Et s’il disait volontiers qu’il était «une maison de prière », il ajoutait aussitôt qu’il était aussi «une caverne de brigands !»

Quant à Fr. Christophe, il écrit avec lucidité: «Dans le climat de violence où nous vivons ici, je suis renvoyé à ma propre agressivité et à mes complicités cachées avec la Mort, avec le Meurtre et le Mensonge.» Mais il ajoute: «Jésus me tire de cet abîme et me conduit, à la mesure même de ma confiance en lui, vers une vérité qui peu à peu me recrée.»
C’est que dans l’homme, il y a tout ce qui me fait peur, mais aussi tout ce qui m’émerveille!

Si nous relisons la Parole de Dieu à la lumière de l’émerveillement, nous découvrons que l’homme est appelé à la sainteté, à aimer le prochain comme lui-même, qu’il est le Temple de la Présence de Dieu, que l’Esprit Saint habite en lui, qu’il est capable de donner avec générosité, qu’il est capable de pardonner…

Et si Jésus nous appelle à aimer nos ennemis et à prier pour eux, c’est qu’il y a en nous une autre violence: contre la violence destructrice qui défigure l’homme, il y a une violence constructrice qui transfigure l’homme, la violence de l’Amour. (…)

Il s’agit de ne pas me laisser déshumaniser par la haine et de devenir vraiment homme, …en aimant comme Dieu aime… ce qui veut dire aussi débusquer le mal, en moi-même, et dans l’autre… car c’est aussi de l’amour que de chercher à délivrer le prochain du mal qui lui fait si mal! Jésus, c’est Dieu qui s’est fait homme pour que nous soyons vraiment des hommes!

Voyez, il nous invite à aimer comme lui, comme il aime, comme il nous aime, aimer de cet amour qui «supporte tout, pardonne tout, espère tout», aimer comme il nous l’a montré sur la croix: «Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’il font !», aimer ceux qui ne nous aiment pas, aimer ceux qui nous font du mal, et prier pour eux avec amour parce que justement «l’amour espère tout» !

On a retrouvé dans le livre de prières de Fr. Luc, le médecin de Tibhirine, cette phrase manuscrite: «C’est une véritable création que de commencer à aimer quelqu’un qui ne nous aime pas.» Preuve que nos Frères de là-bas avaient radicalement choisi de «mettre l’amour là où il y a de la haine», choisi de «mettre le pardon là où il y des offenses. (…) Quel travail! C’est devenir un autre homme, voir les choses tout autrement, laisser naître en nous un homme nouveau… et cela ne peut se faire sans travail d’enfantement… avant d’éprouver la joie de cette liberté re-créatrice, de ce souffle de résurrection, avant d’éprouver la Présence aimante de Dieu aimant en nous, pardonnant en nous, transformant toute cette violence destructrice qui est en nous en Violence de l’Amour!

Frère Didier (Tamié)